Le second épisode de la série La Nuit rêvée de Mariana Otero diffusé sur les ondes de France Culture a tout récemment été dédié au cinéaste québécois Pierre Perrault. L’épisode de la série Pierre Perrault : « Ce n’est pas le cinéma qui m’intéresse, ce sont les hommes » est disponible en reprise via le site au l’application mobile de France Culture. À découvrir sans plus attendre !
Qu’elle s’immerge avec sa caméra dans un collège de banlieue, dans les locaux d’une télévision commerciale, ceux d’une entreprise de lingerie en faillite, d’une institution qui accueille des enfants autistes ou sur la Place de la République au moment du mouvement Nuit debout, Mariana Otero dit que chaque film est pour elle l’occasion de « comprendre l’autre en se plongeant dans son regard, dans sa manière de voir le monde ». Son dernier film, Histoire d’un regard, que l’on peut désormais voir en DVD ou en VOD, nous faisait découvrir celui du photo-reporter Gilles Caron, disparu en 1970, à l’âge de 30 ans. Par bien des aspects, il évoquait un autre de ses films, réalisé il y a presque vingt ans, Histoire d’un secret – celui, longtemps préservé, de la disparition de sa mère, et, déjà, cheminement vers le regard d’une artiste, celui de sa mère, qui était peintre.
Les personnalités qu’elle a choisi d’entendre cette nuit font écho à ses films et à ce qui l’anime. Il sera question de cinéma, bien sûr : on écoutera le documentariste Pierre Perrault parler de sa manière de concevoir son métier ; Thierry Garrel, ancien directeur de l’unité documentaire d’Arte, dire sa passion pour cet art singulier qu’est celui du « film du réel » ; Nelly Kaplan, tout récemment disparue, évoquer la fabrication de sa Fiancée du pirate ; et encore la philosophe Marie-José Mondzain réfléchir à ce que signifie le fait d’être spectateur. Il sera aussi question de la démocratie et de sa crise contemporaine, d’abord à travers les réflexions du philosophe Cornelius Castoriadis, dans une archive de 1986 qui résonne de façon singulière avec le temps présent ; puis dans une émission qui raconte l’histoire du tirage au sort, outil, peut-être, d’un renouveau démocratique ; et à travers la parole de René Dumont, qui, dans « Parti Pris », en 1977, tâchait d’alerter ses concitoyens sur la nécessité de se préoccuper du sort de la planète. Enfin, et c’était là le tout premier de ses souhaits, on écoutera Nathalie Sarraute parler de l’écriture comme d’une pratique consistant à « rendre visible l’invisible » – une formule dont on imagine qu’elle pourrait aussi bien décrire le travail de Mariana Otero. Nous le lui demanderons.
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