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Portrait : Georges Biard
Bandeau : Xavier Dolan, dans Matthias et Maxime
Enfant-acteur à l'instar d'un Marc-André Grondin, Xavier Dolan a été révélé dès son premier long-métrage J'ai tué ma mère lors de sa présentation évènement à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2009 où il rafle plusieurs prix. Il a juste vingt ans, la passion du cinéma mais aussi une exigence et une maturité rare chez un aussi jeune cinéaste. Écrit dès l'âge de seize, le scénario traite les rapports à la mère avec une absence de recul mais dans une grande profondeur. L'auteur exerce aussi son contrôle sur l'ensemble de la direction artistique. Typique de l'esthétique des home movies, le film est porteur d'une vraie recherche plastique qui se confirmera dès le film suivant, Les amours imaginaires, réalisé seulement un an plus tard et très différent du premier. Il ne faut pas oublier qu'il en interprète également les rôles principaux.
S'il fait moins l'unanimité, Les amours imaginaires prouve sa capacité à se renouveler tout en imposant son regard sur d'autres départements ( production, costumes, montage ) de son film. Il reçoit une ovation à Cannes et conforte sa fanbase. Et puis vient Laurence anyways, mélodrame fleuve flamboyant où un prof de lycée interprété par Melvil Poupaud, décide de changer de sexe, causant ainsi le désespoir de l'amour de sa vie. Plusieurs séquences brillantes assoient la réputation d'un auteur entre provocation et inspiration fulgurante. Notamment ce rapport émotionnel à la musique dans des séquences qui dépassent le simple cinéma-clip pour nous entraîner dans des univers plus mentaux. Par ailleurs, le travail en vidéo dépasse la simple exploitation de l'imagerie violente pour faire accéder à une plus grande prise de conscience de l'homophobie inhérente à nos sociétés. Le débat lancé par le CSA aura au moins offert une tribune au polémiste Dolan.
Le film suivant est l'adaptation d'une pièce de théâtre. Un drame rural et psychologique présenté comme un film mineur mais qui se teinte d'accents hitchcockiens et porte toujours autant de sincérité. Tom à la ferme est primé au festival de Venise. La même année sort en France Mommy présenté auparavant sur la croisette. C'est le début de l'hystérie. Alors qu'il démontre puissamment ses talents et sa vitesse d'écriture, ce brio commence à susciter jalousie et énervement. Le ras de marée médiatique clive la critique et se répand sur les réseaux sociaux. L'auteur est désormais un phénomène dont les déclarations dans la presse sont passées au crible, interprétées, exagérées. Le public jeune s'empare du film et fait un triomphe au film dans les salles .
Sur la lancée et bien que plus fraîchement accueilli. Juste la fin du monde huis-clos familial filmé à fleur de peau d'après une pièce de l'auteur culte Jean-Luc Lagarce, continue d'affirmer à travers ses très gros plans, l'excellence de la direction d'acteurs du cinéaste et la justesse de son écriture. Un cinéaste du visage et de l'humain. Lauréat du grand prix spécial à Cannes, c'est à nouveau un gros succès en salle en France.
Le plus productif des jeunes cinéastes se tourne vers l'Amérique anglophone pour The death and life of John F. Donovan. Un casting hollywoodien mais une production indépendante dans ce projet canadien qui, pour la première fois donne du fil à retordre au cinéaste. En cause, un scénario dont il est mécontent, allant jusqu'à retirer du montage final, le rôle tenu par Jessica Chastain. Étrillé par la presse après sa présentation à Toronto, il est attendu comme l'un des deux évènements de l'année 2019. Pourtant Ma vie avec John F Donovan ne sort dans un premier temps qu'en France, coproduction oblige. A la surprise générale, le film est une réussite narrative et il force à nouveau l'admiration par son ambition, tout en renseignant sur l'artiste Dolan, ses influences et son enfance. Hélas de l'autre côté de l'Atlantique, les sarcasmes vont bon train. Les anglophones lui reprochent son incapacité à écrire en anglais (de façon réaliste) et sa manière de diriger les acteurs. C'est le choc des manières de travailler et des systèmes de production ! Au Québec, on parie déjà sur son impossibilité à retravailler aux Etats-Unis, alors que le film tarde à venir dans les salles.
Alors pour ne pas ronger son frein, Dolan a tourné une nouvelle histoire d'amour intimiste au Québec, Matt et Max. Ce festival de Cannes qui l'a fait lui offre à nouveau une seconde chance en lui déroulant le tapis rouge de la sélection officielle. Sans jamais cesser pour autant de faire un (excellent) acteur ou de doubler de nombreux films, Xavier Dolan a tourné huit longs-métrages en dix ans. Il n'a pas encore trente ans.
Portrait : Georges Biard
Bandeau : Xavier Dolan, dans Matthias et Maxime
Réalisateur :
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Acteur :
http://www.troiscouleurs.fr/cinema/mommy-notre-entretien-avec-xavier-dolan/
La réponse à Françoise Laborde à propos du clip College boy : https://www.huffingtonpost.fr/xavier-dolan-/clip-indochine-lettre-ouverte-francoise-laborde_b_3223747.html?utm_hp_ref=france