Bernard Émond

Après avoir rédigé un mémoire de fin d'études sur le cinéma ethnographique, Bernard Émond réalise dès les années 70 des vidéos critiquant le système scolaire ou s'intéressant aux conditions de travail dans l'industrie ou à la musique populaire. Il vit ensuite des années dans le Grand Nord canadien et travaille à la télévision inuite où il effectue recherches, montage et écriture de scénarios sur de nombreux documentaires ou dramatiques télé. Il en tirera le récit de son premier long-métrage de fiction sur le rapport entre les cultures. Puis il est reconnu pour Ceux qui ont le pas léger meurent sans laisser de traces (1992), documentaire hommage à un inconnu mort dans un quartier ouvrier de Montréal. Le film reçoit le prix André-Leroux du meilleur moyen métrage. Il tourne ensuite plusieurs documentaires dont L'épreuve du feu sur les victimes des incendies, à nouveau distingué par la critique québécoise. Il est aussi scénariste pour Pierre Falardeau (Le party, Octobre) et Robert Morin (Requiem pour un beau sans-cœur, Windigo).

Puis en 2001, il réalise son premier long-métrage de fiction avec la La Femme qui boit avec Élise Guilbault et Fanny Mallette, portrait d'une alcoolique et film déchirant, bien accueilli à la Semaine de la critique et au Québec. Ses thèmes de prédilection ? La dignité et la fragilité humaines, la perte des repères culturels qu'on retrouvera dans toutes ses œuvres. Son style? Dépouillé et qui recourt souvent à l'introspection par la présence d'une voix-off. Des scénarios très écrits parfois narrativement complexes.

Son second film, 20h17 rue Darling qui poursuit le même thème au masculin, est lui aussi sélectionné à Cannes. Émond en tire même un roman. Luc Picard remporte en outre le prix de la meilleure interprétation au festival de Namur. En 2005, Bernard Émond retrouve Élise Guilbault pour son film La Neuvaine, où il radicalise son style et tend vers plus d'austérité. Avec succès. Le film remporte à nouveau le prix du meilleur long métrage québécois de l'Association québécoise des critiques de cinéma. Il est aussi primé à trois reprises à Locarno et sélectionné dans une trentaine de festivals internationaux. Par ailleurs, le film vaudra à Élise Guilbault le Jutra de la meilleure actrice.

En 2005, la Cinémathèque québécoise présente une rétrospective de son œuvre. À l'automne 2006, Bernard Émond tourne Contre toute espérance, deuxième volet de sa trilogie sur les trois vertus théologales (foi, charité, espérance) amorcée avec La Neuvaine et complétée par La Donation en 2009.

En 2015, Le Journal d'un vieil homme, mettant en vedette Paul Savoie, est une adaptation de la nouvelle intitulée Une banale histoire d'Anton Tchekhov. Dans son dernier film, une femme de la Côte Nord ne trouve pas à Montréal et en Ontario la chaleur escomptée.