Un cri au bonheur est un projet qui ne manque pas d'originalité. Dans ce long métrage signé Philippe Baylaucq, 11 réalisateurs, parmi lesquels Paule Baillargeon, Geneviève Allard, André Forcier, Manon Barbeau et Denis Villeneuve, mettent en image 21 poèmes de poètes québécois contemporains. Rencontre avec deux d'entre eux.
«Un cri au bonheur, c'est un voyage à travers 21 poèmes. C'est une carte blanche, blanche comme la neige, offerte à 50 poètes et 11 réalisateurs. C'est une grappe de 21 poèmes», dit le coordinateur à la réalisation Philippe Baylaucq (Mystère B, Les couleurs de sang) et également réalisateurs de passages consacrés aux poèmes L'arbre de Mars, de France Mongeau, et Malgré tout, d'Hugues Corriveau dans le film.
Pour chaque poème (José Acquelin, Alain Farat ou Hélène Dorion ont mis la main à la pâte), le réalisateur invité a reçu carte blanche. La transition des courts métrages, d'un monde à l'autre, a été assurée par Philippe Baylaucq.
«Ça n'a pas été facile, dit le réalisateur. Je prends toujours du recul et travaille toujours sur un grand tableau. J'ai placé les 21 films, et je leur ai attribué des qualités, pour les connaître. J'ai ensuite eu un grand plaisir à jouer le rôle de monteur, pour que par le contraste et la complémentarité, chaque film relance le prochain.»
Cette transition, ce sont les paysages d'hiver, la neige. «La blancheur de la neige est aussi pour moi la blancheur de la page», explique-t-il. «Dans l'ensemble, on a tenté de créer une synergie entre la poésie et tout ce que le cinéma peut avoir de poétique. Cela n'empêche pas d'avoir des moments de joie ou de tristesse.»
Les deux courts de Manon Barbeau illustrent bien cette variation dans les thèmes autour du bonheur. Avec Silence qu'on tourne, de Danny Plourde, la réalisatrice montre un univers drôle et coloré, celui d'une buanderie. Chez K. Dimm, Le bonheur pour nous..., Manon Barbeau a choisi la rue, et un hôtel de passe comme ancrage au poème.
«C'est une histoire passionnée, celle d'une rencontre improbable entre une femme, dans la rue, et un homme. Ils se retrouvent dans un hôtel de passe et l'improbable se produit: il y a une vraie rencontre», raconte Manon Barbeau, visiblement enchantée par son expérience.
«La poésie est omniprésente dans ma vie. Sans poésie, la vie est anguleuse. Sans poésie, je ne pense pas que j'aurais été capable de traverser la vie jusque là, dit Manon Barbeau. J'en ai un besoin absolu.»
Pour Denis Villeneuve, Un cri au bonheur a été une invitation à laisser la poésie entrer dans sa vie. Avec Bonheur durable, un poème de Kim Doré, le réalisateur de Maëlstrom a signé un film très épuré. «Plutôt que de faire un trip visuel, j'ai eu envie de filmer le poète. On ne les voit jamais, et pourtant, c'est la personne qui est capable de rendre le mieux la poésie.»
Avec Un cri dans le bonheur, la «forme d'art la moins médiatisée, la poésie, se retrouve médiatisée par celle qui l'est le plus, le cinéma», se félicite Denis Villeneuve. Un cri au bonheur est un film qui devrait séduire par sa beauté, mais aussi par les sentiments qui y sont mis en valeur, estiment ses artisans.
«Le film s'adresse à tout le monde. C'est la beauté de la poésie, de s'adresser à tous. Cela a été un grand bonheur de découvrir les poètes et leurs intentions, estime Philippe Baylucq. J'aimerais beaucoup que le film puisse rejoindre une jeunesse qui est moins exposée à la poésie, mais qui n'y est pas moins sensible», souligne Philippe Baylaucq.
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