Gilles Carle, être multiple, a été auteur dramatique, monteur, producteur, scénariste, dessinateur, peintre et réalisateur. Rêveur de monde, il voulait tout connaître et le cinéma lui a permis de toucher à tout ce qu’il aurait désiré devenir.
Né d’un père technicien en productions laitières et d’une mère institutrice, Gilles Carle a grandi en Abitibi-Témiscamingue. Il déménage à Montréal à l’âge de 16 ans, afin d’obtenir un diplôme en publicité et marketing, peinture et histoire de l’art à L’École des Beaux-Arts de Montréal. Dès lors, il cumule des formations qui façonnent déjà son esprit créateur et, pour payer ses études, il exerce tous les métiers de mineur à show boy…
En pleine émergence de la modernité au Québec, il fonde dans les années 50, les Éditions de l’Hexagone, puis par la suite la revue l’Écran et la revue Liberté.
En 1965, il est recherchiste à l’Office Nationale du Film du Canada. Il s’impose comme l’un des cinéastes les plus importants du Québec : alors qu’on ne l’avait autorisé qu’à réaliser un court documentaire portant sur le déneigement à Montréal, il signe son premier long-métrage de fiction : La Vie heureuse de Léopold Z. Premier long métrage d’une longue et riche vie cinématographique qui s’est inscrit profondément dans la culture québécoise.
Un cinéma où l’on peut se voir vivre et respirer, comme peuple, comme humain. Un cinéma aussi, où les personnages féminins sont primordiales, interprétées par des actrices qui ont tous marqués la vie et l’œuvre du cinéaste, entre autre; Carole Laure, Micheline Lanctôt, Anne Létourneau et… Chloé Sainte-Marie.
Gilles Carle a également écrit sous la forme de sketches, fort de son humour taquin et frondeur, pour Olivier Guimond, et une comédie pour le théâtre, La Terre est une pizza qui a été jouée au festival d’Avignon en 1989.
Et partout, parsemé dans sa vie, les traces laissées sur le papier, le canevas. Inspirations soudaines, idées de films et de personnages, chats, animaux et couleurs marquées de ses influences picturales. Son œuvre, son monde imaginaire, son cheminement d’artiste visuelle, toujours tenu en parallèle, comme un complément au cinéma, ou sa source.
À partir de 1991, Gilles Carle est atteint de la maladie de Parkinson, qui paralyse peu à peu ses mouvements et le rend inapte à marcher, puis à parler. Toujours l’art est resté un cheval de bataille pour contrer ce silence, faire vibrer le corps.
Chloé Sainte-Marie s’est tenus à ses côtés, pendant 27 ans, par amour, naturellement. Jusqu’à la fin, elle a cogné aux portes des gouvernements canadien et québécois afin qu’il puisse finir ses jours chez lui, à la maison.
De cette épreuve nait l’idée d’un lieu de répit pour les aidants, sans discrimination de maladies. Gilles Carle s’éteint le 28 novembre 2009 durant les travaux d’aménagement et ne pourra voir l’issue du projet.