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Bonus du ciné-club : chronique sur le cinéma d’André Forcier, l’enfant terrible du cinéma québécois

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Peu distribué en France, le cinéma d’André Forcier est devenu une institution au Québec, sacralisé avant même d’avoir été exploré dans toutes ses dimensions. En France, en 1987, il est le tout premier cinéaste canadien à avoir une rétrospective à la Cinémathèque Française.

Le magnifique texte de Sandrine Chaput secoue donc le concept poussiéreux de réalisme magique pour rendre toutes ses paillettes à ces films mystérieux et à leur force politique. Avec pour geste, la création toujours inachevée d’un langage imaginaire qui soit propre aux québécois.


« QUAND ON ME DEMANDE : POURQUOI Y’A DE LA MAGIE DANS TES FILMS? JE DIS : C’EST ‘PAS POUR TROUVER DE LA MAGIE, C’EST QUE LA MAGIE VIENT AVEC UNE EXPLORATION VISCÉRALE DE LA RÉALITÉ. »

– André Forcier, dans Des histoires inventées (de Jean-Marc E. Roy)

Les fleurs oubliéesréalisé par André Forcier (2019)

Les films d’André Forcier, tous élaborés autour d’une réalité glissante où surgissent ces moments de pur délire jubilatoire, ne peuvent pas faire plus beau pied de nez à l’ordre établi. Avec ses personnages déjantés et des arcs narratifs souvent confus parce qu’obéissant aux lois d’univers imprévisibles et morcelés, les films de Forcier échappent définitivement au discours du cinéma narratif classique auquel le spectateur moyen est d’ordinaire habitué. Mais plus encore, c’est au réel même qu’ils se dérobent.

Forcier ne cherche pas à ancrer ses histoires dans le réel, mais dans la vie. Le réel prend, pour lui, la consistance du matériau brut, et non d’une fin en soi. C’est tout naturellement que l’on va associer son œuvre au courant réaliste magique. Courant dont il reconnaît – et revendique – lui-même son appartenance.

QUAND ON ME DIT QUE MES FILMS PRENNENT TROP DE LIBERTÉ SUR LA RÉALITÉ, JE TROUVE QUE C’EST VRAIMENT DE LA CHNOUTE. J’CROIS PAS À LA RÉALITÉ. JE CROIS AU RÉALISME MAGIQUE, MAIS PAS À LA RÉALITÉ. Y’A UNE PETITE NUANCE, EST-CE QUE TU LA COMPRENDS?

– André Forcier, dans Des histoires inventées (de Jean-Marc E. Roy)

– Photo extraite du documentaire Des histoires inventées (de Jean-Marc E. Roy)




La sélection de février du ciné-club met à l’honneur André Forcier ! Découvrez son cinéma à travers un portrait poétique, Des histoires inventées (Jean-Marc E. Roy) ainsi qu’un de ses grands classiques, La comtesse de Bâton RougeLes deux films sont disponibles en location en vidéo à la demande jusqu’au 31 mars 2021 prochain. Bon cinéma !

Des histoires inventées c’est un long métrage documentaire qui se dépeint en un portrait d’auteur sur et avec André Forcier. C’est l’histoire d’un cinéaste d’exception et incontournable dans le paysage et un pilier au sein de l’identité propre du cinéma national québécois. C’est l’occasion unique de revisiter l’ensemble de ses oeuvres, reconnues comme étant fortement teintées de réalisme magique, par le biais de scène recrées de chacun des films de sa cinématographie. C’est une promenade au milieu de son monde : apparaissant parfois comme un souvenir, une trace, une mémoire.

 

 

La comtesse de Bâton Rouge est un long-métrage fantastique qui se déploie comme une fable autobiographique de l’auteur. 1968 : Rex Prince, 22 ans, réalise un petit film avec des chutes de pellicule qu’il quête ça et là. Il envie le Grand Zénon, le cyclope du Parc Belmont, qui matérialise des images rien qu’en y pensant. Un soir qu’il va le rencontrer, Rex s’énamoure de Paula, une superbe jeune femme à barbe. 1997 : 29 ans plus tard, le film de son histoire d’amour avec Paula se donne au cinéma Crémazie. Ici, Forcier met en scène son double (l’acteur Robin Aubert), un autre lui-même qu’il a modelé à son image. Une façon sans doute d’exorciser les angoisses du cinéaste.

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