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Éléphant : mémoire du cinéma québécois
Se sentant complètement négligées et trompées par leurs maris, Violette et Fernande, deux banlieusardes, s'offrent joyeusement à tous les hommes qui frappent à leur porte. Du traiteur au réparateur en passant par le laitier, tout le monde y passe! Mais un jour, un drame survient. Après des ébats mouvementés dans les bras de Violette, un oiseleur dans la cinquantaine décède d'une crise de cœur. Arrêtées puis jugées, les deux femmes en or se retrouvent finalement acquittées par la bienveillance du juge qui les élève au rang de modèle de société. Leur histoire est ensuite achetée par Broadway et voilà qu'un spectacle basé sur la vie des ces deux petites canadiennes françaises devient une pièce à succès.
(©Charles-Henri Ramond)
Et avec (par ordre alphabétique) : Réal Béland (Le raconteur de blagues) ; Paul Berval (M. Tapis) ; Paul Buissonneau (M. Plâtre) ; Michel Chartrand (Le juge) ; Suzanne Côté ; Bruno Cyr ; Yvon Deschamps (M. Téléphone) ; Myriam Dubuis ; Vittorio Fiorucci (Le photographe de Playboy) ; Ingrid Fisher ; Vincent Fournier (Vincent Turcot) ; Paul Gauthier ; Guy Godin ; Georges Groulx (François-Xavier Lalonde) ; Gérard de Guire ; Raymond Juteau ; Conrad Lachance ; Jean Lapointe (Le sergent détective Poivrot) ; Gilles Latulippe (M. Jolicoeur) ; Donald Lautrec (M. Lait) ; Lucien Lecomte (M. Tabarnak) ; Jérome Lemay (Le détective) ; Raymond Lévesque (Le policier) ; Earl Pennington ; Sydney Rosenstone (Le producteur américain) ; Ingrid Saumart ; Dick Shane ; Janine Sutto (Mme Lalonde) ; Pierre Elliott Trudeau ; Josée Vanasse ; Michel Verrier (Le traiteur "chinois")
Désireux d’attirer à lui les dollars du succès, Claude Fournier suit la mode des très populaires films de fesses, tels Valérie (1968) ou L’initiation (1970), et n’hésite donc pas à re-« dénuder la petite québécoise » dans Deux femmes en or, bancale histoire de banlieue triste et morne, et qu’il faut bien occuper comme on peut quand on est femme au foyer. À l’époque, le réalisateur de Le dossier Nelligan (1968) a longtemps défendu son vaudeville comme n’étant qu’une simple comédie sociale traitant des relations maritales.
Les éléments drôles désamorcent constamment l’érotisme des situations. Car finalement les situations les plus drôles sont celles qui seraient normalement qualifiées d’érotiques. Dans Deux femmes en or les personnages ne se prennent pas au sérieux, alors comment voulez-vous que nous nous les prenions au sérieux. Si j’ai voulu faire un film drôle, c’est que je n’aime pas les gens qui se prennent au sérieux. D’ailleurs les Québécois sont dans la vie généralement drôles. [1].
Symbole du souffle de renouveau entourant la libération des mœurs de la Belle Province, et la naissance d’un cinéma local n’hésitant pas à se vautrer dans la comédie populiste pour attirer les foules, Deux femmes en or connaîtra un succès commercial considérable. Bien que plusieurs chiffres circulent sans vérification possible, on estime les résultats du film à plus de 1,5 million de spectateurs et plus de 2 millions de dollars de recettes. Un sommet pour un film québécois et sans doute le plus grand succès en dollars actualisés de l’histoire du cinéma d’ici.
À noter qu’en France, le film fut distribué en 1973 sous le titre Deux filles perverties, avec l’interdiction aux moins de 18 ans. Le film de Claude Fournier n’attira que 5 300 spectateurs dans l’Hexagone.
[1] entrevue accordée à Christian Allegre, parue dans Le Devoir du 23 mai 1970, p.14
Éléphant : mémoire du cinéma québécois
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