Claude Jutra

Claude Jutra écrit et réalise, en parallèle d'études de médecine, son premier film, Mouvement perpétuel à l'âge de dix-neuf ans. Brillante tentative récompensée au Canadian Film Awards en 1949. Après l'obtention de son doctorat en médecine trois ans plus tard, l'homme fait son retour au cinéma. En 1955, après avoir suivi des cours d'art dramatique, il rejoint l'Office National du Film, lieu phare du cinéma canadien pour cosigner, deux ans plus tard, l'un des classiques du cinéma d'animation, Il était une chaise.

Son goût pour les voyages et les documentaires l'amène en France où il réalise en 1959, Anna la bonne avec Marianne Oswald, produit par François Truffaut puis, au Niger où il co-met en scène Niger jeune république (1961) qui obtient le Prix spécial au Festival des peuples à Florence. Retour ensuite au Canada où il tourne La lutte relatant les soirs de match au Forum de Montréal et Québec-USA. Après le tournage des Enfants du silence (1963) co-réalisé avec son ami Michel Brault, il met en scène Comment savoir (1966), salué d'un prix au Festival de Venise. Mais le réalisateur se passionne déjà pour le thème de la fiction autobiographique, auquel il s'était essayé en 1963 avec A tout prendre et qu'il perfectionne en 1971 avec Mon oncle Antoine, évocation pudique et profonde de son passage personnel de l'enfance à l'adolescence dans le contexte des années quarante. Salué à travers le monde, ce film obtient 8 récompenses au Festival du film canadien à Toronto et le Prix du meilleur documentaire au Festival de Chicago. De cette expérience, Claude Jutra en vient à se passionner pour l'adaptation littéraire. Il réalise Kamouraska en 1972 d'après l'oeuvre d'Anne Hebert puis en 1985, La dame en couleur. Deux films qui, s'ajoutant à ses nombreux documentaires, s'inscrivent dans le " style direct ", courant du cinéma canadien proche des réalités de ce monde. Atteint de la maladie d'Alzheimer, Claude Jutra se jète dans le Saint Laurent en novembre 1986.

Egalement acteur, Claude Jutra interprète la plupart de ses films ainsi que ceux de ses amis : La Fleur aux dents de Thomas Vamos, Bonheur d'occasion de Claude Fournier. On lui doit aussi la réalisation de spots publicitaires et de films pour la télévision : Les mains nettes (1958).