Denys Arcand

Né le 24 juin 1941 à Québec, Denys Arcand est un des auteurs les plus importants du cinéma. Son itinéraire épouse d'ailleurs les grandes phases de la renaissance du cinéma national : un milieu familial riche ( son frère Gabriel est un comédien emblématique de son pays, un autre anthropologue, une sœur criminologue...) des universités engagées et marquées par le néonationalisme de ses professeurs. C'est là que dès 1961, il tourne son premier film militant Seul ou avec d'autres. Durant 11 ans et au sein de l'ONF dès 1962 comme réalisateur et scénariste, il participe à l'essor de ce courant documentaire québécois qui va marquer durablement le cinéma mondial. Des films aussi importants que On est au coton, à l'époque mis au placard par l'organisme d'état suite aux pressions des lobbies du textile, sont désormais considérés à juste titre comme des monuments du cinéma documentaire et de l'histoire du cinéma du Québec. Son montage dialectique délivre de redoutables synthèses aussi sociales que politiques (Duplessis et après...) qui dépassent le style narratif en vogue dans le cinéma direct. A partir de 1972 et en suivant le mouvement d'autres grands cinéastes québécois de la période, il s'essaie également avec brio à la fiction sociologique ( La maudite galette, Réjeanne Padovani, Gina...). Parce qu'il ne brosse pas la société patriarcale et machiste dans le sens du poil,  ce très beau dernier film est un échec. Arcand se tourne à nouveau vers le documentaire et la télévision, tout en tentant de faire aboutir d'autres projets. En 1981, Le confort et l'indifférence sera à nouveau un grand documentaire politique sur les mutations et désillusions des élites nationalistes québécoises au lendemain du référendum de 1980 sur la souveraineté nationale. Les effets de cet échec reviendront parmi les personnages du Déclin de l'empire américain (1986), premier succès interplanétaire d'Arcand et qui impose véritablement le cinéma québécois sur la scène internationale, tout en marquant l'entrée dans une période - dite "américaine"  - formellement plus classique et apaisée. Il n'en travaille pas moins en creux la névrose de la société québécoise , à commencer par la sienne ! D'où une amertume qui peut se faire carrément cynique (De l'amour et des restes humains en 1994, Stardom en 2000...) et une distanciation entre le propos et l'esthétique à la lisière du feuilleton télé du Déclin.  Après ce triomphe, son Jésus de Montréal  est en compétition à Cannes en 1989 et y obtient le prix du Jury. Une autre consécration arrive en 2003 lorsqu'il remporte l'oscar du meilleur film étranger pour Les invasions barbares, assorti d'un double prix cannois et de plusieurs césars. Il clôturera son triptyque en 2007 avec L'âge des ténèbres.

Après l'échec en  2014 du Règne de la beauté,  il retrouve Rémy Girard et Pierre Curzi dans La chute de l’empire américain en 2018,  qui n'est pas une suite mais plutôt une métaphore sur le pouvoir de l’argent, sujet abordé dès La maudite galette.