Pierre Hébert, récipiendaire du prix du Québec «Albert-Tessier» pour le cinéma en 2004, de la bourse de carrière du CALQ pour le cinéma en 2012 et d’un doctorat honorifique de l’Emily Carr University of Art and Design à Vancouver, poursuit depuis bientôt soixante ans une carrière de cinéaste, de performeur et d’artiste visuel. En 1962, il entreprend des études en anthropologie à l’Université de Montréal dans l’intention de devenir archéologue. Parallèlement à ces études, il fréquente de 1964 à 1967 l’Atelier libre de recherche graphique de Richard Lacroix où il s’initie aux techniques de la gravure. Mais l’événement déterminant est la rencontre avec Norman McLaren, en 1962, qui l’encourage dans ses expériences d’animation gravée directement sur pellicule, technique qui va rester l’axe central de son travail jusqu’à aujourd’hui.
De 1965 à 1999, Pierre Hébert est à l’emploi de l’Office national du film du Canada. Il fait d’abord partie du studio d’animation de la Production anglaise puis, en 1969, il passe à la Production française où il sera brièvement producteur (1970-71) Il retourne ensuite à la réalisation jusqu’en 1996. Il devient alors directeur général adjoint du Programme français, assumant à ce titre la direction du studio animation- jeunesse. À la fin de 1999, il quitte l’ONF pour redevenir réalisateur et artiste indépendant.
De 1965 à 1971, il réalise une série de films expérimentaux qui explorent les phénomènes de perception (Op hop, Opus 3, Autour de la perception, Notions élémentaires de génétique). Par la suite, ses films vont témoigner de préoccupations sociales et politiques tout en gardant une approche expérimentale (Entre chiens et loup, Souvenirs de guerre). À partir des années 80, tous ses films seront associés à des projets de performances multidisciplinaires qui, à partir de 1982, le conduisent à collaborer avec des musiciens des chorégraphes et des écrivains. En 1986, il invente une forme inusitée de spectacle (animation improvisée en gravant sur la pellicule en direct) qu’il présentera dans de nombreux pays. À partir de 2001, en collaboration avec le musicien américain Bob Ostertag, il poursuit le même genre d’expériences sous une forme renouvelée, grâce à l’usage de l’informatique (Living Cinema) et le rayonnement international de son travail s’amplifie. Il entreprendra par la suite des projets de performances avec plusieurs autres musiciens (Seule la main…, 49 Flies, Tropismes)
En 1991, il entreprend la réalisation d’un long-métrage (La Plante humaine). Ce film, co-production entre l’ONF et la société française Arcadia Films, est terminé au début 1996 et sort en salle commerciale à Montréal et à Paris. Dès 2005, avec le film La Statue de Giordano Bruno, l’idée du projet Lieux et monuments commence à germer et occupe peu à peu le centre de son travail. Ses dernières réalisation sont des installations vidéo, Berlin – Le passage du temps, Lieux et monuments-6, 2014, dont il existe également une version web (lieuxetmonuments.net), et Cycling Utrecht, Lieux et monuments-7, 2015.
Depuis 2009, il poursuit une production régulière de dessins. Ses travaux (les séries Tropismes et Boucliers intérieurs) ont fait l’objet d’exposition au Cinéma ExCentris à Montréal, au centre Le Cercle à Québec et au Musée-chateau de l’Agglomération d’Annecy en France qui a fait l’acquisition de plusieurs dessins dans sa collection permanente. Il a ensuite entrepris le projet Têtes, mail art sur Facebook, qui consitait à afficher un dessin de tête par jour sur Facebook pendant un an. Un livre sera ensuite tiré de ce projet (Têtes, Les éditions de l’œil, Montreuil, 2017).
Il a fait partie de l’équipe de diverses revues de cinéma (Objectif, 1964-67 ; Format Cinéma, 1983-86) et écrit régulièrement dans plusieurs autres publications. Il a publiéEn 1999, trois un essai sur le cinéma d’animation (L’Ange et l’automate, Les 400 coups, Montréal 1999, Corps, langage, technologie, Les 400 coups, Montréal, 2006, et Toucher au cinéma, Somme toute, Montréal, 2021). Il a enseigné la technique et l’histoire du cinéma d’animation à l’École des Beaux-Arts de Montréal (1968), à l’Université Laval (Québec, 1974-78) et à l’Université de Montréal (1975-1978). De 1975 à 1979, il a donné de nombreux ateliers pratiques sur les méthodes de productions artisanales en cinéma d’animation (Bas St Laurent, Acadie, Montréal). Il s’est également associé à plusieurs institutions œuvrant dans le domaine du cinéma, notamment La Cinémathèque Québécoise dont il fut président de 1993 à 1995 et le centre d’artiste Vidéographe dont il fait partie du conseil d’administration depuis 2011. En aout 2010, il est nommé professeur honoraire par l’Emily Carr University of Art and Design, à Vancouver. En mai 2018, la même université lui décerne un doctorat honoris causa pour l’ensemble de son œuvre.
Prix et bourses importantes